Méthodologie : nature en ville, spatialisation des enjeux, changement climatique

AUTEUR·RICE
Léo Wartelle
RELECTEUR·RICE
François Chevaux
DATE DE PUBLICATION
20 août 2025

Principes de l’évaluation des 30% de végétation du territoire

Pour l’analyse du critère de la présence minimale de 30% de canopée dans le voisinage, la méthode nécessitait l’analyse de la canopée du territoire et la définition du voisinage retenu pour calculer la proportion de canopée.

Définition de la canopée du territoire

En ce qui concerne l’analyse de la canopée de la commune, le choix a été d’utiliser la méthode NDVI (Normalized Difference Vegetation Index), soit l’indice de végétation par différence normalisée). Cette méthode identifie la végétation saine et active par image satellite en calculant les canaux de proche infrarouge. Par “saine et active”, on entend que la méthode est capable de reconnaître la végétation verte et vivante la majeure partie l’année (arbres, haies, certaines pelouses hautes qui restent vertes même en été, etc.). Dans cette étude, toute la végétation identifiée a été retenue pour les calculs, il n’a pas été appliqué de filtre selon la hauteur de végétation.

Une définition étendue

Cette donnée est légèrement différente de la canopée du territoire mais a été considérée comme pertinente pour évaluer le degré de naturalité ressenti du territoire et approcher une bonne modélisation des services écosystémiques rendus par la végétation.

Ainsi les données retenues pour créer la couche SIG sont celles de l’Orthophoto IRC (proche infra rouge) qui permettent le calcul du NDVI. Un seuil de 0.2 a été retenu pour créer la couche de végétation.

\text{NDVI} = \frac{\text{NIR - RED}}{\text{NIR + RED}}

NDVI : Normalized Difference Vegetation Index
NIR : PROCHE INFRAROUGE, lumière réfléchie dans le spectre proche infrarouge
RED : ROUGE, lumière réfléchie dans la gamme rouge du spectre.

Définition du voisinage

Afin de déterminer le pourcentage de végétation dans le voisinage, il fallait commencer par déterminer la définition de ce découpage du territoire en voisinage. Pour cela plusieurs méthodes étaient envisageables :

  • La réutilisation des quartiers existants dans les documents d’urbanisme locaux fondés sur la morphologie urbaine. Cette option n’a pas été retenue car les ensembles qui s’en dégageaient étaient trop étendus pour définir un quartier de vie représentatif de la vie quotidienne des habitants. De plus, le périmètre de l’étude sur une seule commune et la précision des données utilisées permettaient de réaliser un travail plus fin que le découpage du territoire en seulement une dizaine de zones.

  • Définition du voisinage à l’échelle d’un îlot urbain. Cette option fonctionne plutôt bien en centre-ville dans la ville dense mais multiplie fortement le nombre de mailles d’analyse et leur hétérogénéité, notamment dans certains quartiers pavillonnaires de la commune.

  • Une analyse plus classique par découpage géométrique du territoire (carroyage, grille hexagonale).

  • Finalement le choix a été fait de réaliser une moyenne mobile. Cette méthode a permis de calculer pour chaque point du territoire le pourcentage de végétation dans un rayon de 150 mètres. L’avantage de cette méthode est de ne pas découper le territoire communal en un nombre restreint de voisinnages peu représentatifs dans certains cas mais bien d’évaluer la part de végétation présente à proximité du lieu de vie en chaque point de la commune.

Le rayon de 150 mètres semble pertinent pour apprécier les lieux perçus et vécus depuis un domicile.

Astuce

Le calcul de moyenne mobile a été réalisé en appliquant une opération dite focale sur l’image raster de la végétation.

Principes d’évaluation de la proximité à un espace vert public

La sélection des espaces de nature publics

Pour le critère des 300 mètres de distance maximale avec un espace vert public, il était nécessaire de définir et d’identifier les espaces retenus. Pour ce faire deux bases de données publiques ont été utilisées la BD TOPO et Géovélo, puis retravaillées au regard de la configuration réelle de l’espace. La base de donnée d’occupation du sol élaborée dans le cadre de la phase 1 de cette étude a également été utilisée.

Les espaces retenus par base de données sont :

  • BD TOPO : squares, places, et terrains de sport

  • Occupation du sol : Forêt publique

  • Géovélo : voie vélo de l’Austreberthe

Parmi cette liste d’espaces vert public, tous n’ont pas été conservés car certaines places et squares étaient trop minérales pour améliorer le cadre de vie grâce à la naturalité (l’apport de lien social et d’appropriation de l’espace public n’est pas pris en compte ici). De même les terrains de sport n’ont pas été retenus car ils sont considérés comme un équipement sportif. Contrairement à la pelouse d’un grand parc, ce type d’espace ne peut pas être investi par l’ensemble des habitants. Suite aux échanges réalisés avec le maître d’ouvrage, les jardins familiaux n’ont pas été retenus non plus car ils fonctionnent sur le territoire comme des jardins privés et ne sont pas accessibles à l’ensemble de la population.

Ce premier travail de traitement de la données a été complété par des échanges avec les acteurs du territoire et une visite de terrain pour identifier les différents espaces réellement accessibles au public. Un travail sur google map et google street view a également servi à identifier les espaces naturels et forestiers qui étaient facilement accessibles grâce aux itinéraires piétons existants, afin de gagner du temps lors de la visite terrain. De plus la visite de terrain a servi à créer une couche SIG supplémentaire correspondant aux aménagements existants le long de l’Austreberthe. Ces espaces, bien que discontinus, artificialisés et majoritairement non végétalisés ont été retenus comme espaces de nature en ville qualitatifs du fait de la présence de l’eau et de leur piétonnisation.

Astuce

La base de données Open Street Map a également été étudiée pour diagnostiquer les espaces verts publics mais aucun n’a été retenu pour ce territoire car ils faisaient ici doublon avec les données de la BDTOPO. Néanmoins cette source de données pourrait être à considérer dans le cas d’une étude sur un autre territoire pour compléter la liste des espaces.

L’analyse de la distance réelle à ces espaces

Suite à l’identification des espaces de nature ouverts au public, l’analyse a consisté à mesurer leur accessibilité géographique (temps de trajet pour y accéder). En effet une forêt ou un parc dispose bien souvent d’entrées précises et un habitant qui réside à proximité directe de cet espace n’y a pas forcément accès sans détour à cause de la topographie, de la présence de clôtures ou d’autres barrières.

Un travail d’identification des entrées a donc été effectué par une visite terrain pour compléter un travail de pré-identification sur Google Maps. En ce qui concerne les parcs, les rives et les autres espaces de nature accessibles urbains, ceux-ci sont entièrement ouverts sur le territoire et donc directement accessibles depuis la voirie publique. Mais pour les forêts publiques, la voie vélo et les jardins familiaux, des entrées localisées ont été identifiées.

Une fois les espaces et leur entrées identifiés, leur distance d’accessibilité n’a pas été calculée à vol d’oiseau mais par temps de trajet réel (piéton). Pour cela la méthode de calcul de l’IGN a été utilisée pour définir des isochrones de temps de trajet piéton aux espaces.

Isochrone

Les services de l’IGN ont été utilisés pour calculer les isochrones, calculées sur le réseau de la BD-TOPO avec le modèle Valhalla qui prend une hypothèse de 4 km/h pour un piéton.

La question du dimensionnement des espaces publics

Cette méthode ne questionne pas le dimensionnement des espaces de nature. En effet si une forêt peut en théorie permettre à de nombreux habitants de venir s’y promener, qu’en est-il de la pression d’usage d’un square en milieu urbain ? A-t-il les mêmes effets bénéfiques sur la santé et le cadre de vie si des dizaines d’habitants se partagent quelques mètres carrés ? Ce point constitue une piste d’approfondissement de cette étude.

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